Gisèle Pineau : autrice emblématique de la littérature antillaise

Née en 1956, Gisèle Pineau fait partie de la génération d’écrivains antillais contemporains qui se distingue par l'exploration de la condition des femmes caribéennes dans la grande majorité de ses romans.

CULTUREPORTRAITS

2/15/20244 min read

Du haut de ses 67 ans, Gisèle Pineau respirait la fraicheur lors d'un reportage de Guadeloupe 1ère en l’honneur de son tout dernier ouvrage « La Vie privée d’oubli » paru au éditions Philippe Rey en 2024.

Dès le début de sa carrière d’écrivaine en 1993, elle explore des thèmes tels que l’identité, l’exil, la condition des femmes Noires et l’héritage culturel de la Guadeloupe à travers ses romans, nouvelles et essais. Son œuvre, marquée par une profonde sensibilité, mélange le « rationnel » et l’occulte tout en apportant une réflexion unique sur la mémoire de l’esclavage et les rapports de domination post-coloniaux.

Qui est Gisèle Pineau et pourquoi son oeuvre est-elle devenue incontournable pour la littérature afro-caribéenne ?

L’esthétisme de la « douleur créole »

Née en 1956, Gisèle Pineau fait partie de la génération d’écrivains antillais contemporains parmi lesquels on compte de nombreux auteurs à succès tels qu’Ernest Pépin (Coulée D’or), Patrick Chamoiseau (Texaco) ou encore Raphaël Confiant. Sa voix se distingue des écrits de ses confrères masculins par son exploration de la condition des femmes caribéennes dans la grande majorité de ses romans.

Justement, le thème de la douleur chez les personnages féminins, prend une place majeure dans toutes ses oeuvres. La folie transparaît parfois dans leur physique (cheveux ébouriffés, yeux hagards pour exprimer la démence) et la moralité conventionnelle disparait derrière des personnages ambigus et mystérieux : la recette parfaite pour captiver tout lecteur sensible.

Synopsis : Sharon est une jeune Guadeloupéenne de 12 ans. Sa mère, Gina, est enceinte de son huitième enfant. Elle a déjà sept enfants de pères différents. Pourtant, elle n’a pas envie de s’arrêter là… Sharon, 3e enfant de la famille, est le témoin silencieux et apeuré du quotidien sordide de sa famille matrifocale et de son quartier en perdition, La Ravine-Claire.

Synopsis : En Haïti, Merry élève seule ses deux enfants, mais quand le terrible séisme du 12 janvier 2010 frappe Port-au-Prince, elle n’a d’autre choix que de quitter sa terre natale dévastée. Après une traversée éprouvante, elle arrive à Bonne-Terre et trouve du travail chez un couple de français avec pour seul objectif de retourner chercher ses enfants le plus vite possible.

Un style unique

La force de l’oeuvre de Gisèle Pineau réside notamment dans la richesse de son parcours personnel, à la fois atypique et universel. Comme beaucoup d’antillais pendant la période Bumidom (programme de migration d’ultramarins porté vers l’Hexagone entre 1963 et 1981), elle grandit en France où elle a été confrontée de plein fouet au racisme et à l’intolérance. Après un début de cursus littéraire, elle devient infirmière en psychiatrie et travaillera au centre hospitalier de Saint-Claude (Guadeloupe) pendant près de 20 ans.

Un style unique est né de son vécu : dans ses histoires, il n’y a pas de « milieu » que du « mitan » et surtout, toutes les couches sociales et économiques de la société antillaise sont représentées. Du béké, ou coupeur de canne, personne n’échappe à la loupe grossissante de l’écrivaine.

En mélangeant avec soin le créole et le français, elle plonger le lecteur dans le folklore antillais, avec une honnêteté et efficacité.

Synopsis : Mina est une guadeloupéenne vivant à Paris depuis de nombreuses années. Cependant, celle-ci est en proie à des épisodes de frénésie sexuelle incontrôlables et voit régulièrement le spectre de sa sœur décédée dans un incendie. Pour guérir de ses maux, elle retourne au pays natal pour affronter ses vieux démons et percer les secrets de sa famille.

Livre jeunesse – synopsis : Quand Félicie apprend qu’elle doit quitter sa grand-mère, ses amies et son île natale – la Guadeloupe – pour retrouver sa mère déjà installée là-bas depuis 4 ans, elle ne peut retenir ses larmes. Arrivée en France, elle découvre l’expérience douce-amer de l’exil.

L’œuvre de Gisèle Pineau a été largement saluée par la critique et a reçu de nombreux prix littéraires. Elle a été la première femme à remporter le prix Carbet de la Caraïbe (créé par Édouard Glissant) pour « La Grande Drive des Esprits ». Elle a aussi été récompensée par le Grand Prix des lectrices de « Elle » et par le prix des Hémisphères-Chantal Lapicque en 2002 pour son roman "Chair Piment" , qui est incontestablement mon ouvrage préféré de l’autrice.

Plus récemment, son livre "Ady, Soleil Noir" , obtient le prix du meilleur roman historique en 2021.

Et toi ? Que penses-tu des oeuvres de Gisèle Pineau ? As-tu déjà lu certains de ses livres ?

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