Barbade : jeune république et grande nation
Après quatre siècles de sujétion à l'empire britannique, la Barbade est officiellement devenue une république le mardi 30 novembre 2021 lors d'une cérémonie hautement symbolique.
CULTURE
Après quatre siècles de sujétion à l'empire britannique, la Barbade est officiellement devenue une république le mardi 30 novembre 2021 lors d'une cérémonie hautement symbolique.
En effet, le pays caribéen situé au sud-est des petites Antilles a désormais son propre chef d'état : la présidente de la république Sandra Mason. Jusque-là gouverneure générale du pays, cette juriste de formation a été élue au mois d'octobre par suffrage universel indirect. Elle a prêté serment dans la capitale barbadienne, Bridgetown.


De gauche à droite: Premier ministre de la Barbade : Mia Mottley - Ancien joueur de criquet national : Sir Garfield Sobers - Présidente : Sandra Mason, Rihanna, et le Prince Charles.
Hautement symbolique et puissante, cette cérémonie s'est tenue le jour du 55e anniversaire de l'indépendance de la Barbade, déclarée le 30 novembre 1966. Depuis cette date, le pays était toujours une monarchie institutionnelle, avec la Reine d'Angleterre comme cheffe d'état honorifique, bien qu'elle n'exerçait aucun pouvoir politique.
Pour la population, il s'agit surtout d'un acte d'émancipation fort. En effet, véritable plaque tournante de la traite négrière par les britanniques pendant plus de 200 ans, l'île a hérité d'un passé colonial violent et abusif. Les récents scandales de racisme au sein de la famille royale portés par le prince Harry et Meghan et le scandale Windrush* ont accéléré la volonté de détachement à la Reine, pourtant latente depuis plus de 20 ans.
Bien plus, la présence du prince Charles à la cérémonie et l'anoblissement de la chanteuse et businesswoman Rihanna ce jour ont conféré à cette événement une véritable résonance internationale.
En effet, lors de son discours, le Prince Charles, fils d'Elisabeth II et chef du Commowealth* a reconnu "l'atrocité effroyable de l'esclavage" autrefois en vigueur sur l'île.
Lors d'une seconde cérémonie ce même jour, Rihanna, ambassadrice de l'île depuis 2018, a été nommée héroïne nationale.




Avant la Barabde, d'autres îles caribéennes, anciennes colonies britanniques et membres du Commonwealth, sont devenues des Républiques et ont renoncé à la Reine comme chef d'Etat.
C'est le cas du Guyana en 1970, de Trinidad et Tobago en 1976 et de la Dominique en 1978.
Il est possible que cette proclamation de la Barbade comme République encourage certains des 7 autres pays caribéens rattachés à l'Angleterre à faire de même : Antigua et Barbuda, Bahamas, Grenade, Jamaïque, St Kitts & Nevis, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-grenadines.
En tous cas, la concrétisation de cette initiative, portée par la première ministre barbadienne Mia Mottley, en dépit du contexte sanitaire en vigueur est un véritable tour de force international. Elle remet notamment en jeu la question des réparations de l'Europe envers les états caribéens et prouve que le leadership d'un pays n'est pas dépendant de la taille du territoire, mais plutôt de la grandeur des rêves, de la fierté et de la solidarité de ses habitants.
Sources : Le Monde, France 24, La presse Canada, BBC Afrique